Salaire moyen agriculteur : quel montant en France en 2025 ?

En 2023, l’écart de rémunération entre un exploitant agricole indépendant et un salarié agricole dépassait 40 %. Les revenus agricoles fluctuent fortement d’une année à l’autre, parfois du simple au double selon la conjoncture ou les aléas climatiques. Certaines grandes exploitations céréalières du Bassin parisien affichent des résultats deux à trois fois supérieurs à la moyenne nationale, tandis que les petites fermes polyculture-élevage en zone de montagne peinent à dépasser le seuil du SMIC. Ces disparités, persistantes et souvent méconnues, façonnent la réalité économique du métier en France.

Le salaire moyen des agriculteurs en France en 2025 : état des lieux

Le débat autour du salaire moyen agriculteur en France ne faiblit pas. Les chiffres issus d’Agreste, du recensement DGFIP-Insee ou encore de la MSA brossent un tableau direct : pour 2025, le revenu disponible moyen des exploitants agricoles s’établit autour de 1 430 euros mensuels par ménage agricole en métropole. Cette estimation, fondée sur la méthode social-fiscal Filosofi, englobe uniquement les ménages dont l’activité agricole ne creuse pas de déficit.

En pratique, la composition du revenu agricole dépend du type d’exploitation, de la taille et de la localisation. D’après l’Insee et la MSA, à peine 40 % des ménages agricoles franchissent le cap des 1 500 euros par mois. La pauvreté monétaire touche près d’un ménage agricole sur quatre, un phénomène nettement plus marqué qu’au sein de la population générale. Ces observations, issues du fichier localisé social-fiscal, révèlent des contrastes saisissants.

Pour mieux cerner ces écarts, les fichiers localisés (CCMSA, CNAF, CNAV) révèlent que certaines exploitations céréalières du nord du pays dépassent les 2 000 euros mensuels, tandis que de nombreux polyculteurs-éleveurs ou agriculteurs en zone de montagne restent en dessous des 1 200 euros. Ces différences soulignent la vulnérabilité du secteur et rappellent qu’une moyenne nationale ne saurait refléter la réalité de chacun : selon l’activité et le contexte local, le revenu agricole se fait parfois modeste, parfois fluctuant, parfois intermittent.

Pourquoi de telles différences entre céréaliers et autres agriculteurs ?

Les disparités de revenu entre les grandes cultures et les autres filières agricoles frappent par leur constance. Le niveau de vie des exploitants repose en premier lieu sur la spécialisation de leur exploitation. Un producteur de céréales du bassin parisien, par exemple, affiche souvent un revenu disponible bien supérieur à celui d’un éleveur de montagne.

Plusieurs éléments expliquent cette fracture :

  • Prix de marché : les céréales profitent d’une demande mondiale stable, parfois stimulée par les tensions internationales, tandis que l’élevage subit les hauts et bas des cours et des marges comprimées.
  • Subventions et aides PAC : les exploitations de grandes cultures touchent une part importante des aides directes, calculées selon la surface, alors que les polyculteurs-éleveurs ou maraîchers reçoivent moins et sont plus exposés aux risques.
  • Coûts de production : la mécanisation poussée dans les grandes cultures permet d’étaler les coûts fixes, contrairement à l’élevage ou à la vigne, qui réclament davantage de main-d’œuvre et d’investissements par hectare.

La pauvreté monétaire n’a donc rien d’un phénomène uniforme. Les analyses de la MSA montrent qu’environ un quart des ménages d’éleveurs vivent sous le seuil de pauvreté, contre seulement 8 % pour les céréaliers. Les données issues du suivi social-fiscal dessinent ainsi une agriculture à plusieurs vitesses, où la diversité des modèles d’exploitation façonne des écarts de niveau de vie que les politiques publiques peinent à réduire.

Régions, types d’exploitation : des écarts de revenus marqués

En descendant vers le sud, l’aridité des terres et la prédominance des exploitations familiales pèsent sur les revenus. À l’ouest, l’élevage laitier, pilier en Bretagne et en Normandie, affiche une moyenne qui n’arrive pas à suivre la hausse des charges. Le Bassin parisien, lui, concentre les grandes surfaces céréalières où le niveau de vie dépasse largement la médiane nationale. Les fichiers localisés social-fiscal compilés par l’Insee, la MSA, la DGFIP et le recensement Agreste montrent une France rurale aux contrastes marqués.

Dans les territoires de polyculture-élevage, le revenu disponible vacille, parfois au-dessous du seuil de pauvreté monétaire. Cette géographie dessine une véritable diagonale du vide, du nord-est au sud-ouest, où la composition moyenne du revenu agricole demeure fragile. Les résultats du fichier localisé social-fiscal le confirment : Sud-Ouest, Corse, vallées alpines affichent des revenus bien inférieurs à la moyenne hexagonale.

Les écarts se creusent également selon la taille et l’orientation de l’exploitation. Les grandes structures spécialisées, qu’elles soient céréalières ou viticoles, enregistrent un revenu disponible souvent supérieur de 30 % à celui des petites fermes diversifiées. La démographie joue aussi un rôle : les exploitants âgés, à la tête d’exploitations plus restreintes, se retrouvent plus vulnérables face aux aléas économiques.

Jeune femme française travaillant à la cuisine rustique

Quelles perspectives pour le pouvoir d’achat agricole dans les prochaines années ?

Le niveau de vie des exploitants agricoles s’appuie sur un équilibre délicat, pris en étau entre la volatilité des marchés, les politiques publiques et les défis climatiques. L’évolution du revenu disponible dépendra autant de la capacité d’adaptation du secteur que de la robustesse des aides et accompagnements. L’Insee et la MSA l’indiquent : la moyenne des revenus disponibles progresse lentement, sans brusque envolée.

Les charges s’alourdissent. L’énergie, les intrants, la gestion de l’eau, la transition agroécologique : autant de postes qui érodent les bénéfices. La loi Egalim a encadré les négociations commerciales, mais les résultats pour les agriculteurs restent inégaux, surtout en dehors des grandes cultures. Les chiffres issus des fichiers localisés social-fiscal le montrent : les avancées se font lentement, et les différences régionales ou sectorielles perdurent.

L’incertitude ne s’arrête pas à l’économie. Le vieillissement des actifs, le passage de relais entre générations, la taille moyenne des exploitations : autant de facteurs qui pèseront sur la structure du revenu disponible dans les années à venir. Les projections établies à partir des dernières séries Agreste et des fichiers Insee-DGFIP esquissent un avenir où la question du pouvoir d’achat agricole reste un défi ouvert. Entre innovation, organisation des filières et négociation avec l’aval, l’équilibre reste à inventer. Demain, le métier d’agriculteur devra conjuguer incertitude et inventivité pour façonner son avenir.